Dans cette absurde épopée hivernale située au 19e siècle, Jean Kayak, plutôt porté sur la boisson mais motivé par son amour pour la fille d’un commerçant méfiant, doit passer de zéro à héros en capturant des centaines de castors qui lui permettront de devenir le plus grand trappeur de fourrures d’Amérique du Nord, et d’ainsi gagner le coeur de son élue.

Hundreds of Beavers, cartoon live rejouant Bip Bip & le Coyote et revisitant les codes du cinéma muet burlesque, développe ses gags à un rythme effréné, s’amuse d’une bande son décalée, et mélange l’image live à l’animation au gré d’une narration survoltée qui emporte tout sur son passage, spectateur compris. Digne d’un Buster Keaton qui aurait croisé l’univers poétique et suédé de Michel Gondry.

Dans un charmant petit hôtel de la montagne japonaise, le personnel et les clients se retrouvent prisonniers d’une boucle temporelle dont ils vont non sans mal chercher à s’extraire.

Bien que souvent traitée dans les films sur le mode de l’angoisse, la question des paradoxes temporels a aussi donné lieu à des comédies comme l’iconique Un jour sans fin. S’inscrivant dans ce registre avec subtilité, le cinéaste et son ingénieux scénariste explorent leur concept avec légèreté et inventivité, tirant parti de leur décor avec brio, promenant leurs personnages dans une course contre la montre effrénée et jubilatoire.

Un ancien policier devenu professeur de criminologie emménage avec sa femme dans un quartier apparemment sans histoire. Le couple va progressivement se rendre compte qu’un de leurs voisins n’est pas vraiment celui qu’il prétend être, et va être inexorablement entraîné dans une spirale infernale.

Bien que sa filmographie regorge de sombres histoires dans lesquelles évoluent des personnages souvent borderline, Kiyoshi Kurosawa nous livre ici son film le plus inquiétant et nous plonge dans une histoire d’emprise et de manipulation qui, comme son titre l’indique, donne la chair de poule.

Taïra, orphelin vénère et peu aimable, quitte son petit village pour Matsuyama, grande ville en laquelle son besoin d’en découdre va s’épanouir. Là, au gré de ses errances, il va provoquer n’importe qui, n’importe où, distribuant des gnons à l’infini dans des combats de rue brutaux. Jusqu’à rencontrer Yuya, personnage déséquilibré et un brin pervers, qui va désormais le filmer dans ses agressions gratuites.

Tetsuya Mariko transforme la ville en un immense ring où la frustration, la colère et la violence se déchaînent au hasard. L’hypocrisie de la société japonaise, son mépris de classe et sa politesse excessive en prennent pour leur compte dans un film nihiliste unique qui nous laisse épuisés, à bout de souffle, quand Taïra, lui, en réclame encore. Et encore. Et encore. Et encore…

Australie, été 1987. Un soir, alors que la jeune Vicki Maloney se rend à une soirée, elle est abordée dans la rue par Evelyn et John White, un couple de trentenaires qui l’invitent chez eux. Très vite, elle comprend qu’elle est prise au piège.

Premier long métrage de Ben Young, Love hunters est un survival pervers dans l’apparente tranquillité d’une banlieue australienne où chaque coin de rue peut abriter son monstre. Un huis clos moite et étouffant à l'écriture sèche, dans lequel les personnages traînent leur ambiguïté et leur folie jusqu’à leur point de rupture.

1999, Snowtown, petite ville d’Australie méridionale gangrénée par la misère sociale et le déterminisme, a été le théâtre de meurtres sordides perpétrés par un dénommé John Bunting qui a torturé et assassiné onze personnes, faits pour lesquels il a été condamné par onze fois à la prison à vie.

Déroulant cette histoire tirée d’un fait divers qui avait choqué le pays par sa sauvagerie, ce premier film à l’approche presque documentaire tant l’effet de réel imprègne chaque plan, est un coup d’essai d’une puissance terrible. A travers le personnage d’un adolescent qui subit l’arrivée d’un beau-père dominateur, vicieux et criminel, le réalisateur Justin Kurzel porte un regard acéré sur les laissés pour compte de la société australienne et démonte les rouages de l’apprentissage d’une masculinité toxique.

Librement inspiré par l’affaire Dutroux qui déchira la Belgique dans les années 90, le film suit le cheminement d’un jeune policier au sein de la cellule d’investigation Maldoror chargée d’enquêter sur de dangereux délinquants sexuels. Se heurtant aux dysfonctionnements des systèmes policier et judiciaire, il décide envers et contre tout de mener sa traque obsessionnelle jusqu’à la folie.

Dernier né de Fabrice Du Welz, cinéaste que l’on affectionne tout particulièrement à L’Étrange Clermont, Maldoror est un film au dispositif extrêmement ambitieux. Le goût du réalisateur pour les histoires hors-normes et son exigence esthétique amène “une nouvelle perspective sur notre capacité à confronter le mal”, et nous offre un nouvel aperçu de son talent avec ce brûlot qu’il porte depuis des années.

La vie de Grace Pudel, petite fille solitaire, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats le jour de la mort de son père. Dans une famille d’accueil indifférente, séparée de son frère jumeau dont elle attend désespérément les lettres, malmenée par ses camarades, elle s'accommode à sa manière du chaos de l’existence.

Quinze ans après le déchirant Mary et Max, le réalisateur signe un nouveau chef d’œuvre d’animation pour adultes, confirmant tout son intérêt pour les destins brisés. Dépassant l’observation de la cruauté, de l’injustice voire de l’horreur, Adam Elliott ne se départit pour autant jamais d’une lueur d’espoir. Ses personnages en pâte à modeler, animés en stop motion, offrent des expressions si vivantes que leurs émotions sont d’une justesse bouleversante. Le film a obtenu le Cristal d’or à Annecy.

2039, en France, un état policier totalitaire s’appuie sur des technologies sophistiquées pour assurer sa domination sur la population. Un groupe d’activistes s’opposant sans relâche à la tyrannie échoue dans un de ses sabotages, ses membres sont alors faits prisonniers et envoyés sur la planète B, planète à nulle autre pareille.

Les incursions du cinéma français dans le domaine de l’anticipation étant rares, on ne peut que saluer cette tentative réussie de la réalisatrice à aborder un récit qui mêle conscience sociale, environnementale et politique avec intelligence sans jamais perdre de vue le déroulement de son histoire. Emmenés par deux comédiennes habitées, nous naviguons entre deux mondes aussi terrifiants l’un que l’autre, où la violence inhérente à l’humain sera battue en brèche.

L’apocalypse n’est plus très loin. Une épidémie sévit dehors. Il suffit d’un seul regard pour que les êtres vivants soient contaminés, les condamnant à fusionner avec les choses, à se confondre avec les objets. En dépit d’un contexte anxiogène, Anx vient de rencontrer Cass, ils s’aiment et décident d'affronter ensemble cette menace.

Thibault Emin adapte en format long son court métrage de 2007. D’une ambition folle, Else tient le pari d’imposer un univers de fantastique cosmique et organique qu’on croyait réservé au cinéma d’animation. On pense tout naturellement aux transformations du corps chez Cronenberg ou aux paysages infernaux de Clive Barker.

Débarquant dans un immense manoir ceinturé de bois infranchissables, des personnages désespérés vendent leur corps à une énigmatique organisation en charge de mystérieuses et redoutables entités.

Baignant dans une angoissante atmosphère kafkaïenne, sublimé par un somptueux noir et blanc aux relents d’expressionnisme, ce premier film à la mise en scène élégante et précise vient renouveler le film de genre en en proposant une relecture presque métaphysique. Fabio d’Orta, véritable démiurge en charge de presque tous les postes créatifs du film, est un réalisateur sur qui il va définitivement falloir compter.

Dans cette absurde épopée hivernale située au 19e siècle, Jean Kayak, plutôt porté sur la boisson mais motivé par son amour pour la fille d’un commerçant méfiant, doit passer de zéro à héros en capturant des centaines de castors qui lui permettront de devenir le plus grand trappeur de fourrures d’Amérique du Nord, et d’ainsi gagner le coeur de son élue.

Hundreds of Beavers, cartoon live rejouant Bip Bip & le Coyote et revisitant les codes du cinéma muet burlesque, développe ses gags à un rythme effréné, s’amuse d’une bande son décalée, et mélange l’image live à l’animation au gré d’une narration survoltée qui emporte tout sur son passage, spectateur compris. Digne d’un Buster Keaton qui aurait croisé l’univers poétique et suédé de Michel Gondry.

Un ancien policier devenu professeur de criminologie emménage avec sa femme dans un quartier apparemment sans histoire. Le couple va progressivement se rendre compte qu’un de leurs voisins n’est pas vraiment celui qu’il prétend être, et va être inexorablement entraîné dans une spirale infernale.

Bien que sa filmographie regorge de sombres histoires dans lesquelles évoluent des personnages souvent borderline, Kiyoshi Kurosawa nous livre ici son film le plus inquiétant et nous plonge dans une histoire d’emprise et de manipulation qui, comme son titre l’indique, donne la chair de poule.

Taïra, orphelin vénère et peu aimable, quitte son petit village pour Matsuyama, grande ville en laquelle son besoin d’en découdre va s’épanouir. Là, au gré de ses errances, il va provoquer n’importe qui, n’importe où, distribuant des gnons à l’infini dans des combats de rue brutaux. Jusqu’à rencontrer Yuya, personnage déséquilibré et un brin pervers, qui va désormais le filmer dans ses agressions gratuites.

Tetsuya Mariko transforme la ville en un immense ring où la frustration, la colère et la violence se déchaînent au hasard. L’hypocrisie de la société japonaise, son mépris de classe et sa politesse excessive en prennent pour leur compte dans un film nihiliste unique qui nous laisse épuisés, à bout de souffle, quand Taïra, lui, en réclame encore. Et encore. Et encore. Et encore…